Pauvre chêne, tu crois gouverner la forêt
Mais tu es si grand que tu ne vois qu'à ta hauteur
Hêtres ou peupliers qui te courbent la tête au moindre bizé
Alors que là, sous les branchages, où vivent tes sujets
Les fraises libertinent, les fleurs charment les papillons
Ou font l'amour à leurs heures
Alors que les violettes complotent dans un coin
Avec l'aide des fougères, qui tout en écoutant le vent
Les préservent des méchants.
Tout ce petit monde que tu ne connais pas te hait
Et c'est toi que l'on nomme pour représenter le pays.
Un oiseau parfois te souffle une histoire
Mais tu ne comprends pas son language.
Pauvre chêne si grand, si fort
Qui ne voit pas plus loin que son pied
Que connais tu de la vie
Sinon l'aisance, la richesse, la beauté menteuse
Tout ce qui ne fait pas une vie.
Et sais-tu encore aimer?
Tu vivras beaucoup plus que les autres
Mais tu n'auras pas vécu
Seulement passé, passé...